Troisième Rapport d'Activités

Publié le par Pierre-Frédéric Zieba et Thierry Perigon

Cette semaine a été riche d'évènements :

Déjà, lundi. Nous avons été au siège de la RTM, où, par hasard, nous avons rencontré le directeur d'exploitation, qui, sûrement, a été informé de la pression que, la semaine précédente, nous avions mis à sa secrétaire. Il est donc sorti de la réunion à laquelle à ce moment, nous a-t-il dit. Donc, il a pu prendre le temps nécessaire, pour nous expliquer clairement pourquoi les chauffeurs ne baissaient pas systématiquement les rampes d'accès : il a argué que , si a un arrêt donné, le conducteur du bus baissait le matériel pour y monter, alors que la ligne n'est pas certifiée BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), ce dernier ne serait pas forcément opérationnel aux autres arrêts de la ligne... Ainsi, ils n'ont pas le droit de se servir des dispositifs en question, et devraient même refuser de faire monter les personnes ne pouvant pas se lever de leur fauteuil roulant... Pour exemple, il a cité celui de la ligne 60, qui monte à Notre-Dame de la Garde : il a dit que, une fois, un voyageur avait pu rentrer dans ce bus, alors qu'il était au Vieux-Port, mais que la rampe pour le faire descendre au sommet de la colline ne pouvait se poser. Alors, les autres personnes présentes, avaient dû aider le chauffeur à descendre le fauteuil du bus...

A la réflexion, cet exemple ne tient pas : on ne peut pas se résoudre au fait que les handicapés soient exclus du service de transport en commun. Dans le cas que nous venons de décrire, il suffit de laisser le voyageur revenir à son point de départ ; il s'en tirerait avec une grosse frustration, mais pourrait descendre seul. Par ailleurs, s'il est assis sur un fauteuil mécanique, il faut porter le poids de l'individu, plus les 20 kilos (au plus) du fauteuil, ce qui fait 20 + 80 - moyenne du poids d'une personne -, et cela est faisable, à 4 porteurs. Pour un fauteuil électrique, qui peut peser plus de 100 kilos à lui seul, les choses se compliquent, sans que la difficulté soit insurmontable...

Lors de cet entretien, on a pu apprendre, aussi, que, seule, la ligne B3B, entre La Rose et Château-Gombert (ce qui devrait être faux, en théorie, car on en a oublié d'autres, ce jour-là), était totalement équipée pour sortir la rampe. Alors, mardi, on a décidé de tester ce trajet, qui ne compte que 5 arrêts. Effectivement, à chaque fois que le bus s'arrête, la rampe descend et se pose correctement. D'ailleurs, en faisant halte à chaque arrêt, de manière méthodique, les chauffeurs finissent par sortir systématiquement le matériel dont on a besoin - c'est comme cela que les choses se sont passées ce jour-là. Sauf que, avec des essais récurrents, la machinerie a fini par lâcher : sur un des 2 bus qui assuraient la desserte, à l'heure où nous étions sur place, un était mal entretenu, et le caoutchouc qui entourait la porte gênait, lorsque celle-ci allait s'ouvrir ; et, du coup, le tout restait bloqué. Le chauffeur, qui était favorable à notre montée dans le bus, est descendu et a regardé ce qui coinçait. Aussi, il a arraché, carrément, ce qui empêchait l'ouverture, ce qui était, sûrement, un geste trop hâtif, car l'eau de pression qui devait maintenir le joint assez dur a coulé. Bref, grâce à lui, on a pu continuer l'aventure, et sympathiser avec lui. Ensuite, nous sommes allés au siège, où le directeur d'exploitation n'était pas disponible, à ce moment-là. Alors, nous sommes allés dans les locaux de France 3, pour voir où en étaient les journalistes que nous avions vu la semaine précédente, avec les vidéos qu'ils avaient fait de nous ; à cette occasion, nous avons pris rendez- vous pour le lendemain matin à 11h.

En effet, pour ce mercredi 11 février, rendez-vous avait été donné à tous ceux qui sont handicapés, pour protester contre le report de la loi accessibilité de 2005. Le mouvement était national, et était promu par l'APF, ce qui nous a permis de nouer des contacts avec les autres associations du milieu handicapés, et, aussi, avec une journaliste de La Provence. Après quoi nous sommes retournés au siège de la RTM, pour voir le directeur d'exploitation. Celui-ci était en réunion, et il a fallu l'attendre 20 minutes, ce qui nous à permis de bien cibler les questions à lui poser : nous avons pensé à 4 points, à savoir :
-le rapport de la mésaventure de la veille, avec l'intervention du chauffeur (ce que nous n'aurions peut-être pas dû rapporter, car le conducteur a pu recevoir un blâme à cause de cela...)
-le problème de la clé : sur les 2 agents de la RTM que nous avions vu le mardi, l'un d'eux nous avait dit qu'il ne pourrait peut§être pas faire ce que lui avions demandé, au motif qu'il fallait une clé, et qu'il ne l'avait pas au moment en question ; alors, nous lui avions dit de se servir des boutons, et tout s'était bien passé. Mais, nous voulions savoir ce qu'était cette histoire de clé
-en allant sur la ligne B3B, nous avions pu croire que, par là, nous habituons les chauffeurs à se servir du dispositif d'accès, ce que le chauffeur qui était particulièrement gentil - celui qui est intervenu sur le bus pour nous laisser rentrer dans le bus - nous a confirmé. Alors, étant donné que, par hasard, nous avions vu la rampe ailleurs dans Marseille, nous voulions savoir, si nous pouvions demander, ailleurs, de s'en servir
-enfin, l'aimable chauffeur nous avait dit que nous pouvions faire de même à Malpassé : nous en voulions la confirmation.

Quand le directeur est arrivé, nous étions donc fin prêt. Si l'entretien a été satisfaisant, le directeur a évité de parler de la clé : à cette question, il nous a promptement détourné sur un autre sujet, ce qui a eu pour résultat de "noyer le poisson".

On s'en est aperçu le lendemain, lorsque, le jeudi, nous avons honoré un rendez-vous, pris le lundi précédent, avec un fonctionnaire de MPM (Marseille Provence Métropole). Cela s'est tenu au Pharo et, là aussi, l'interlocuteur était très gentil. D'ailleurs, l'entrevue a été particulièrement longue, peut-être parce que l'homme tenait à bien accomplir sa tâche d'information.On a appris, grâce à lui, que la RTM était un prestataire de MPM, et que la régie assurant le transport était tenue, entre autres missions, d'assurer une formation des chauffeurs, pour leur apprendre à accueillir le public décemment. Puisque rien n'est fait, l'entreprise ne respecte pas cette demande, mais aucune sanction n'est prévue. Pire : le représentant de la mairie a paru très gêné, quand on lui a dit qu'il fallait une sanction. Par ailleurs, il existe une Commission, qui compte, au maximum, une soixantaine de personnes, et qui concourt à la conception des aménagements urbains, du point de vue des handicaps des gens. Et la RTM y serait réputée pas très commode. Ajoutons que cette Commission se réunit rarement : une fois tous les 6 mois, quand il n'y a pas de période électorale. En outre, le stock d'investissements à faire est encore impressionnant, et, au mieux, on devrait avoir tout rendu accessible en 2020. On ne peut se satisfaire de tout cela, et notre but est d'accélérer le mouvement.

Cela occupait l'après-midi, et le matin avait servi à mieux connaître notre cible : la RTM est une organisation qui compte 3460 collaborateurs, dont 1473 chauffeurs de bus, et il y a 3 lignes BHNS, bientôt 4.

Enfin, le vendredi n'a pas été très palpitant : nous sommes passés au siège pour voir le directeur d'exploitation, qui n'était pas là. Nous sommes donc repartis illico, puis nous sommes allés voir France Télévisions, pour leur remettre un tract, car un de homologues, de qui on s'est rapprochés, organise une conférence sur le thème de l'accessibilité, mercredi 18 février à 19h, à l'Equitable Café.

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